16 janvier 2009
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Cette année 2009, je vais féter mes 10 ans d'installation en libéral.comme diététicienne.
Encore une occasion de bilan !
Cette activité qui me passionne a complètement changé en 10 ans
En 99, quand j'ai posé ma plaque, on me prenait pour une illuminée : démissionner d'un job salarié assez bien payé ( visiteur médical) pour m'installer en libéral et créer une clientèle en partant de zéro, meme les collègues salariées de l'hopital ne donnaient pas cher de ma peau .
Le corps médical , que je connaissais bien, m'a fait confiance à priori et m'a adressé rapidement les patients atteints de pathologies métaboliques ( diabète, cholestérol, troubles digestifs...) Le bouche à oreille a ensuite opéré et le surpoids et l'obésité sont vite devenus les motifs principaux de consultation.
En 10 ans , la révolution diététique a vraiment eu lieu.
Au début, je recevais des patients relativement "vierges" d'informations sur la nutrition et je mettais en place avec eux un plan nutritionnel adapté à leur cas et destiné à corriger leurs erreurs . Ainsi, au fil des consultations , on avançait en terme de resultats pondéraux, biologiques et comportementaux.
Aujourd'hui, la consultation est totalement différente.
Chacune et chacun est quotidiennement abreuvé de messages nutritionnels tous supports ( presse, tv, radio, internet, mailings, ...) Chacune et chacun arrive evec un certain bagage de connaissances sur le sujet.
Le problème, c'est que ces bagages finissent parfois par etre de vraies valises.
Avec beaucoup d'honneteté jusqu'à parfois de vraies " prises de tete" voire obcessions, les patients arrivent desemparés après beaucoup d'efforts de "régime maison" ou "régimes dits miracles ".
Ils sont souvent fatigués par des résultats souvent cher payés ( à plusieurs titres) et peu durables.
Au final , trop d'infos tue la vraie info et je me retrouve avec eux en vraie "femme de ménage" de l'information nutritionnelle.
C'est un peu comme les moniteurs d'auto-école qui préfèrent les élèves qui n'ont jamais touvhé un volant à ceux qui sont déjà perclus de mauvaises habitudes et certitudes.
Le travail est donc bien différent et demande beaucoup plus de persuasion, d'argumentation et de psychologie pour revenir à une alimentation saine, équilibrée, variée , agréable et socialement vivable , et sortir de ces intégrismes alimentaires innefficaces sur le long terme et dangereux parfois au plan physique comme psychologique pour le sujet et parfois son entourage ( enfants)
Comme certains travaillent sur le développement durable, je travaille moi sur 'l'alimentation durable".
On est à table au moins 3 fois par jour et toute sa vie. Il y a peu de chose qu'on fait aussi souvent !!!
Alors, autant y trouver son compte en terme de santé biensur mais aussi en terme de gout, de plaisir et de convivialité .
En ces temps de crise , un parametre supplémentaire vient de plus en plus souvent sur le tapis :
comment manger sain ,savoureux, équilibré et ...pas cher.
Aujourd'hui meme, une présidente d'association sanfloraine m'a sollicitée pour animer une conférence sur ce thème précis.
C'est un thème qui me passionne tout comme la relation entre diététique et terroir. Les 2 vont d'ailleurs souvent ensemble.
La crise aura peut-etre cela de bon : nous faire nous repositionner face à nos façons de consommer en général : alimentation mais aussi déplacements, habitat, services , cultures..)
Je crois (et j'espère) que l'ère du marketing pur et dur a fait son temps et que le "bon sens " reprend ses marques.
On veut du vrai , du sincère, de l'"authentique" comme dirait Ugolin . Le "superficiel et léger " a encore sa place et il le faut mais ...en accessoire et non en principal.
IL y a les " nécessités " de la vie et les "récréations" de la vie : quand les 2 font bon ménage on s'en sort pas trop mal, je pense .
La définition de diététicien est : technicien de l'alimentation.
Au bout de 10 ans d'expérience de consultations , j'ai de plus en plus l'impression de travailler comme un pivot du circuit de consommation qui met en scène différents acteurs : le producteur, l'artisan transformateur, le commerçant et en fin de course (es) ...le consommateur. J'ai un peu l'impression de faire la circulation au milieu de tous ces circuits et d'orienter le consommateur ( je suis une sorte de GPS des courses!!!)
Je sais bien que ce sont mes origines agricoles qui renforcent mon interet pour cette façon de travailler mais je revendique totalement ce coté très pratique et pragmatique.
Maintenant que je travaille à la maison, il m'arrive souvent d'aller chercher un produit dans mon placard ou mon réfigérateur pour le montrer à un patient ou meme un plat tout juste cuit dans mon four pour valider des recttes ou visualiser des quantités.
Cela donne du peps aux consultations et une ambiance sympa. Ce matin, j'ai fait un poulet au curry. Le patient de 11h est sorti en me disant " cette odeur dans la maison m'a donné envie et je vais de ce pas faire mes courses pour cuisiner le meme demain midi"
Demain , si je trouve des blettes au marché, je fais un pounti énorme : diététique, sympathique et...économique...
Bon app et bon week-end
Nicole Soulenq- Moissinac